Comment  améliorer la nutrition grâce à l’agriculture et aux  systèmes alimentaires en Afrique ?

Chers lecteurs, nous nous intéressons, dans cet article, à la question de l’amélioration de la nutrition par le biais de l’agriculture et les systèmes alimentaires. La question principale est de savoir comment l’agriculture et les systèmes alimentaires peuvent contribuer à améliorer la nutrition. En réalité, une bonne nutrition est fondamentale pour la santé humaine et le développement physique et cognitif (FAO, 2013). De plus, des individus bien nourris et en meilleure santé sont mieux disposés à sortir de la pauvreté intergénérationnelle et à contribuer au développement économique et social. Le monde d’aujourd’hui accuse un retard dans la garantie nutritionnelle. Cependant les facteurs déterminants de la malnutrition sont multiformes notamment la dénutrition causée par un apport alimentaire insuffisant et les maladies infectieuses (UNICEF, 2015).

Le manque de disponibilité ou d’accès à la nourriture, les mauvais services de santé, d’installations d’eau et d’assainissement, et les pratiques inadéquates en matière de soins maternels et infantiles, l’obésité et le surpoids dû à la consommation excessive d’énergie par rapport aux besoins physiques, la prédisposition génétique, des infections virales ou bactériologiques qui modifient les besoins énergétiques, des perturbateurs endocriniens, de l’utilisation de certains produits pharmaceutiques et des facteurs socioéconomiques.

Cet article de Pierger TOTO s'intéresse à comment améliorer les dynamiques nutritionnelles à partir de l'agriculture et des systèmes alimentaires. Cliquez pour tweeter

En quoi  l’agriculture et les systèmes alimentaires peuvent-il améliorer la nutrition en Afrique ?

L’insécurité alimentaire et les régimes alimentaires sous-optimaux constituent l’un des dénominateurs communs de toutes les formes de malnutrition. Cela rend l’agriculture et les systèmes alimentaires primordiaux pour améliorer la nutrition et assurer de meilleurs régimes alimentaires (FAO, 2013). On se rend compte que l’agriculture et les systèmes alimentaires jouent un rôle essentiel dans la distribution de nourriture et la garantie de meilleurs régimes alimentaires. En reconnaissant le lien entre l’alimentation et la nutrition, l’agriculture sensible à la nutrition est une approche qui vise à assurer la production d’une variété d’aliments abordables, nutritifs, culturellement appropriés et sûrs, en quantité et qualité adéquates pour répondre aux besoins alimentaires des populations de manière durable. En outre, la reconnaissance du fait que la prise en compte de la nutrition nécessite une action à toutes les étapes de la chaîne alimentaire – de la production à la consommation en passant par la transformation et la vente au détail – a conduit à une approche plus large, qui englobe l’ensemble du système alimentaire.

Quels sont les chemins d’impact reliant l’agriculture à la nutrition?

Gillespie et Bold (2017) indiquent six voies par lesquelles l’agriculture et les systèmes alimentaires peuvent affecter de meilleurs résultats nutritionnels. La première voie identifie l’agriculture et les systèmes alimentaires comme une source de nourriture pour la consommation au niveau des ménages. Il s’agit de la voie la plus directe par laquelle la production agricole des ménages (par exemple, la culture de plantes) se traduit par la consommation de nourriture.

La deuxième voie est celle des revenus. En effet, l’agriculture et les systèmes alimentaires peuvent générer de meilleurs revenus pour toutes les personnes impliquées, principalement par la vente d’aliments ou par les salaires perçus pour le travail agricole. Les revenus générés par l’agriculture et les systèmes alimentaires peuvent permettre aux ménages de dépenser davantage pour des biens et services améliorant la nutrition (tels que la santé, l’éducation et les services sociaux).

La troisième voie fait référence aux politiques agricoles et aux prix des aliments qui peuvent affecter la consommation alimentaire. Il s’agit d’une série de facteurs liés à l’offre et à la demande qui influent sur le prix des denrées alimentaires et, en définitive, sur le pouvoir d’achat des ménages et des acheteurs nets de nourriture.

La quatrième voie est celle de l’autonomisation des femmes. Il faut reconnaitre que l’agriculture et les systèmes alimentaires peuvent offrir aux femmes de meilleures perspectives d’emploi ; ce qui influence leur pouvoir de décision au sein du ménage et leur accès aux ressources.

La cinquième voie fait référence à la charge de travail associée à l’emploi et à l’engagement des femmes dans l’agriculture et les systèmes alimentaires. Souvent, l’engagement des femmes dans les activités agricoles et alimentaires augmente leur charge de travail. Et cela peut avoir des effets négatifs sur le temps consacré à la garde des enfants et aux pratiques alimentaires.

Enfin, la sixième voie concerne les effets que l’emploi des femmes dans l’agriculture et les systèmes alimentaires peut avoir sur leur propre état nutritionnel et sanitaire. La nature du travail dans l’agriculture et les systèmes alimentaires tend à être énergivore et peut avoir des effets négatifs sur la nutrition et l’état de santé des femmes. Pendant le travail agricole, les femmes sont également exposées à d’autres risques sanitaires, tels que les agents provenant de l’irrigation des eaux usées et du bétail et de la volaille dans la ferme.

Quelles sont les options d’interventions  ?

L’agriculture et les systèmes alimentaires sont aujourd’hui confrontés à des défis découlant du changement climatique, de l’urbanisation et de la croissance des revenus, qui ont suscité des inquiétudes quant à la qualité et à la sécurité des aliments tout en menaçant la réserve de ressources naturelles. Face à ces défis, l’amélioration de la nutrition nécessiterait une approche globale, combinant des interventions spécifiques et sensibles à la nutrition et une approche systémique pour traiter les déterminants immédiats et sous-jacents de la malnutrition.

Pour y faire face, Black et al. (2013) proposent un cadre d’action qui met en évidence les déterminants alimentaires, comportementaux et sanitaires d’une nutrition et d’un développement optimal du fœtus et de l’enfant. Le cadre montre également comment ces déterminants sont influencés par la sécurité alimentaire sous-jacente, les ressources en matière de soins et les facteurs environnementaux qui sont, en outre, déterminés par des facteurs plus larges tels que les conditions économiques et sociales, les contextes national et mondial, les ressources et la gouvernance.

Ce cadre souligne la nécessité de se concentrer sur les programmes et les approches en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire, qui sont essentiels pour agir sur les déterminants sous-jacents de la nutrition. Plusieurs tentatives ont été faites depuis pour suggérer des actions concrètes que les gouvernements peuvent utiliser pour façonner leurs systèmes alimentaires pour une meilleure nutrition. Le Global Panel (2014) a mené les premiers efforts sur les options politiques qui peuvent être employées dans les différents domaines des systèmes alimentaires.

En effet, le Global Panel divise les systèmes alimentaires en quatre domaines : la production agricole, les systèmes de marché et de commerce, la transformation des aliments et la demande des consommateurs, et le pouvoir d’achat des consommateurs. Face à ce dimensionnement, les acteurs proposent des options politiques pour chaque domaine. Pour rendre la production agricole sensible à de meilleurs régimes alimentaires, les options politiques proposées comprennent les politiques de recherche agricole, les subventions aux intrants, les investissements dans la vulgarisation et l’accès à la terre et à l’eau.

Dans le cadre des systèmes de marché et de commerce, les options politiques comprennent la politique commerciale, le développement des infrastructures, les investissements et la politique agro-alimentaire. Pour la transformation des aliments et la demande des consommateurs, les options politiques comprennent la politique de fortification, les réglementations en matière d’étiquetage et de publicité, et la politique d’éducation nutritionnelle.

Enfin, pour façonner le pouvoir d’achat des consommateurs en matière de nutrition, les options politiques comprennent les systèmes de garantie du travail, les transferts d’argent, la fiscalité, l’alimentation scolaire et les subventions aux consommateurs.

Par ailleurs, les travaux menés par la FAO en 2017 se sont appuyés sur la littérature existante et ont permis de dresser une liste d’interventions dans l’agriculture et les systèmes alimentaires qui peuvent améliorer la nutrition et les régimes alimentaires. Cette liste d’interventions vise à aider les professionnels impliqués dans différents domaines de l’agriculture et des systèmes alimentaires – de la sélection à la production ; de la transformation et du conditionnement des aliments au transport et au commerce ; de la commercialisation et de la chaîne de valeur à la sécurité sanitaire des aliments ; de l’étiquetage des aliments à l’éducation des consommateurs – à comprendre les liens avec la nutrition et à sélectionner des points d’entrée concrets pour agir.

On se rend bien compte que la tâche n’est pas aisée pour y parvenir. Améliorer la nutrition grâce à l’agriculture et aux systèmes alimentaires nécessitent des stratégies précises et un déploiement de moyens de divers ordres : techniques, financières, etc. Il s’agit donc d’une responsabilité collective de tous les acteurs quel que soient leur nature et provenance car la sécurité alimentaire et nutritionnelle demeure un enjeu de souveraineté.

Merci d’avoir lu cet article jusqu’à la fin. Nous restons disponibles pour vous accompagner en cas de besoin dans vos projets/programmes dans le secteur agricole, en donnant un point d’honneur à la nutrition…

C’est justement l’un des accompagnements que propose Crystal Agri Business – de la Ferme à l’Assiette.

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Cet article est une contribution de Pierger Toto, Spécialiste nutrition et sécurité alimentaire, nutritionnelle à la PNOPPA-BENIN. Il reste disponible sur Facebook.

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